Grand-mère

pour saxophone ténor et électroniques (env. 45 minutes). 2021-2024. 

L’idée du projet musical Grand-mère a débuté sa gestation en janvier 2021 dans une recherche artistique post-études s’étendant dans le temps. Un déménagement a mis en branle le projet qui a commencé à prendre une forme musicale en novembre 2021 lors de la résidenceartistique Espaces vacants aux arts vivants à Sherbrooke.

Basée sur des conversations téléphoniques entre ma grand-mère et moi, la composition explore les thèmes du vieillissement et des relations intergénérationnelles. Dans la partie électronique, paysages sonores et sons concrets se greffent aux extraits de conversations. Le saxophone est joué en temps réel suivant une partition qui laisse aussi place à l’improvisation. L’ensemble souligne poétiquement les défis et les beautés d’une relation qui vieillit en même temps que les personnes qui la composent.

La pièce est contemplative et se développe lentement. Elle est pensée pour des espaces intimes où, dans l’idéal, l’interprète se retrouve sur le même plancher que le public. Près des oreilles des auditeur.rice.s, la proximité du saxophone rappelle l’intimité de la conversation téléphonique. Les extraits de conversations oscillent du rire aux larmes et les paysages sonores nous transportent dans le refuge partagé par les deux protagonistes. Le saxophone est joué très doucement en une longue performance de sons généralement soutenus.

Lors de l’idéation de Grand-mère, la pandémie me privait de voir mon aînée qui commençait à sérieusement perdre ses mots à l’aube de son 90e anniversaire. J’ai eu envie d’enregistrer nos longues conversations téléphoniques en me disant que, peut-être un jour, j’en ferais quelque chose. J’ai pris une note dans mon téléphone : «Enregistrer les conversations téléphoniques avec Grand-mère. Compléter ses silences par de la musique. Pour qu’elle ne manque plus jamais de mots.»

La musique s’est construite à partir de cette réflexion. La partie du saxophone souligne les répétitions d’une mémoire chancelante et accompagne les mots plus difficiles. Dans certains passages, son rôle est de rassurer par des lignes mélodiques simples et répétitives. Sa présence presque continue me met dans une posture de fragilité qui me lie à celle que vit ma grand-mère dans nos conversations. 

La composition s’est continuée avec le soutien du projet Jeunes volontaires de mai 2022 à mai 2023. La pièce achevée est une petite fenêtre sur une expérience humaine sous forme de musique mixte sciemment low-fi.

 

Résidence Espaces vacants aux arts vivants  

Sherbrooke, Novembre 2021

Premiers sons de la composition et prestation-laboratoire. 

Extraits enregistrés lors de la prestation-laboratoire. 

 

Crédits photo : Louise Gagné, Maxence Garneau, Martin Lamontagne, Marie-Claude Plante

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